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Cerfs de Louis XV, les trois cent cinquante-quatre bâtards d’Auguste de Saxe, etc. Le gouvernement d’un seul devenant de plus en plus contre nature, en Europe, n’étant même qu’une fiction (le roi moderne, c’est la bureaucratie), qu’auraient fait la plupart des princes de leur énergie personnelle ? On leur disait encore qu’ils étaient dieux ; mais cette divinité, l’exerçant peu dans l’action, ils allaient incessamment la chercher dans la passion, dans l’épilepsie du plaisir. Le dix-huitième siècle, observé dans les mœurs de ses rois et la destruction de corps et de cœur qu’ils s’infligeaient eux-mêmes, peut être considéré comme le suicide de la monarchie.

L’Autriche, qui politiquement est un monstre, un Janus de races et d’idées, l’Autriche dévote et philosophe, imposait à ses princes une fatalité d’hypocrisie, un masque pesant, qu’ils étaient d’autant plus pressés de déposer en cachette. Le mortel ennui les plongeait au mortel abîme des sens. Quelque décence à la surface ; mais un trait permanent trahit le dessous, un signe éminemment sensuel, la lèvre autrichienne. La prude Marie-Thérèse se révéla dans ses enfants, contenue et gracieuse encore dans Marie-Antoinette, libertine en Léopold, hardie, débordée dans la reine de Naples, dans sa bacchanale au pied du Vésuve.

L’Autriche, énervée ainsi, ne pouvait conseiller à la reine, par la voix du vieux Kaunitz, rien autre chose que la politique expectante que lui conseillaient Barnave et les constitutionnels. L’intention,