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nouvelles : « Eh bien, qu’elles te protègent… La loi est pour toi, garde-la ! » — Au travailleur sans ouvrage : « À toi la loi, mon ami ! puisse la loi te nourrir ! » — Au pauvre : « Que la loi t’assiste ! » — Au marchand : « Que la loi achète !… Elle te laisse mourir ? Eh bien, meurs ! »

Que de mariages, tout prêts, furent violemment rompus ! que de familles brouillées à mort, et combien de fois l’histoire renouvelée des Montaigu et des Capulet, l’éternel obstacle des haines entre Roméo et Juliette !… Les mariages étaient des divorces. La femme, au milieu de la nuit, s’en allait pieds nus, fuyait le lit, que dis-je ? le toit conjugal. Les enfants en larmes avaient beau courir après…

Le dimanche, elle s’en allait, pendant que l’église était tout ouverte, chercher à deux ou trois lieues son église à elle, une grange, une lande, où devant quelque vieille croix le prêtre rebelle disait sa messe de haine. On ne peut pas se figurer combien l’imagination de ces pauvres créatures devenait exaltée, parfois furieuse, au souffle du démon du désert. Dans je ne sais quel village du Périgord, une bande de ces femmes, un matin, s’arme de haches, court à une des églises supprimées, brise les portes, sonne le tocsin. La garde nationale accourut, les désarma ; on les traita doucement ; sur treize qu’on avait arrêtées, douze étaient enceintes.

Une instruction habile (du 31 mai 1791), qui, de la Vendée, courut toute la France, enseignait aux prêtres la mécanique du fanatisme pour brouiller