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due dans la grâce, le libre arbitre de l’homme et la justice de Dieu noyés en même temps dans le sang de Jésus-Christ[1].

L’Église de 1791 s’avouait nettement ce qu’elle était, le représentant de l’autorité, l’adversaire de la liberté, et, comme telle, elle demandait aussi le rétablissement complet de l’autorité royale. On surprit, on imprima une lettre de Pie VI, où, croyant Louis XVI échappé, il le félicitait de rentrer dans la plénitude du pouvoir absolu.

C’était le crime de l’Assemblée d’avoir méconnu à la fois les deux lieutenants de Dieu, ses vicaires, le roi et le pape, d’avoir nié sous les deux formes l’infaillibilité papale et royale, la double incarnation, pontificale et monarchique.

Là était le fond de la question, question une, identique, si bien que ceux qui travaillaient le mieux pour le roi étaient encore ceux qui ne croyaient travailler que pour les prêtres.

Rien ne peut donner une idée de la sourde et violente persécution dont la Révolution qui semblait maîtresse, était réellement victime. C’est alors que l’on put voir combien le domaine de l’action légale est resserré, en comparaison des mille activités diverses qui échappent aux regards, aux prévisions de la loi. La société royaliste et dévote semblait en tout et partout dire tacitement au partisan des idées

  1. MM. de Maistre et de Bonald ont solidement établi qu’il n’y a nul accord possible entre la liberté et l’Église, entre la Révolution et le christianisme.