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de la reine de France fut oubliée un moment de Léopold ; n’ayant encore nulle intention d’agir, il commit la faute de donner l’alarme. Ici ce fut un coup de grâce pour les constitutionnels ; dans leur pénible travail de restaurer la royauté, ils furent frappés à mort par l’émigration. En présence de la guerre qu’on crut imminente, le bon sens national s’éloigna d’eux de plus en plus, les crut incapables ou perfides, dangereux de toute façon dans la crise qu’on voyait venir.

Ils confirmèrent, dans la revision, le sacrifice qu’ils avaient fait déjà, leur exclusion de la députation et de toutes places. On le leur a reproché à tort ; ils n’étaient pas libres d’agir autrement. Ils se voyaient l’objet de la défiance universelle, hors d’état de faire aucun mal, aucun bien.

La constitution, présentée au roi, fut acceptée de lui le 13 septembre. Les émigrés prétendaient que le roi se déshonorait ; Burke écrivit à la reine qu’elle devait refuser et plutôt périr. Elle ressentit vivement la dureté de ces bons amis, de ces serviteurs fidèles, qui, eux-mêmes loin du danger, paisibles dans les salons de Londres ou de Vienne, voulaient qu’elle s’immolât et lui imposaient la mort. Ce n’était nullement l’avis de Léopold ni du prince de Kaunitz. Barnave et les constitutionnels suppliaient aussi le roi d’accepter. Il le fit avec une remarquable réserve, déclarant qu’il ne voyait pas dans cette constitution des moyens suffisants d’action ni d’unité : « Puisque les opinions sont divisées sur cet objet, je consens