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les piques du 14 juillet ! On nous rend nos piques, frères et amis ! La première qu’on a vue à l’Hôtel de Ville a été saluée de mille applaudissements. Qu’est-ce que nous pourrions craindre ?… Avez-vous vu comme on est frères quand le tocsin sonne, quand on bat la générale, quand on est délivré des rois ?… Ah ! le malheur est que ces moments ne reviennent que rarement !… »

« Il ne suffit pas de dire république ; Venise aussi fut république. Il faut une communauté nationale, un gouvernement national… Assemblez le peuple à la face du soleil, proclamez que la loi doit seule être souveraine, jurez qu’elle régnera seule… Il n’y a pas un ami de la liberté sur la terre qui ne répète le serment. Sans parler d’avance d’aucune forme de gouvernement, celui que la nation la plus éclairée aura préféré sera le meilleur pour la Fête-Dieu. »

C’était le jour de cette fête que le républicain mystique écrivait ces paroles enthousiastes. Quelque jugement qu’on en porte, on est touché de cette foi jeune et vive dans l’infaillibilité de la raison commune.

Elle semblait être justifiée, cette foi, par l’attitude calme, forte, vraiment imposante, de la population de Paris. Elle se passait de roi à merveille. Le départ du roi avait révélé la vérité de la situation, à savoir que depuis longtemps la royauté n’existait que comme obstacle. Elle n’agissait plus, elle ne pouvait rien, elle embarrassait seulement. Plusieurs avaient