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demment vainqueurs, maîtres de la situation, de l’avenir.

Cet immense mouvement de la France, qui semble se précipiter dans une association, ressort à la société mère des Jacobins de Paris. Mais cette société renouvelée, sous quelle influence a-t-elle été récemment recomposée ? Nous l’avons vu, sous celle de Robespierre. C’est une société tout autre, plus ardente, plus jeune, où les hommes considérables, les penseurs, les raisonneurs, sont moins nombreux à coup sur. En récompense, les hommes de passion, de sensibilité, les artistes, les journalistes, la plupart de second ordre, y dominent maintenant. Cette société, tête ardente de l’immense société jacobine répandue sur la France, ira de plus en plus pensant, raisonnant par un seul homme ; j’aperçois au sommet de ce prodigieux édifice de mille associations la tête pâle de Robespierre.

Il a maintenant élu domicile à la porte de l’Assemblée, et il semble en faire le siège. Si vous ne le trouvez aux Jacobins, il est à coup sûr en face de l’Assomption, chez Duplay, le menuisier. Voyez-vous cette porte basse, cette cour humide et sombre, où l’on rabote et l’on scie ; au-dessus, au premier étage, dans une chambre mansardée, Mme Duplay possède le meilleur des patriotes… Ah ! quel est le bon citoyen qui, passant devant cette porte, ne sentira mouiller ses yeux !… Les bonnes femmes l’attendent dans la rue ; elles sont trop heureuses de le voir un moment « ce pauvre cher Robespierre », quand