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qui l’apportait. Il obtint qu’elle serait renvoyée au comité des recherches, qui ferait enquête et poursuites, s’il y avait lieu. Loin de s’effrayer, Bancal adressa, le lendemain, à l’Assemblée une apologie très ferme, et osa lui demander une réparation publique. Le soir, aux Jacobins, il offrit mille exemplaires de la pétition de Clermont, cinq cents pour eux, cinq cents pour être envoyés aux sociétés affiliées. Les Jacobins n’acceptèrent pas ces derniers cinq cents, craignant sans doute, par ce pas hardi, de s’aliéner la masse des Feuillants qui songeaient à leur revenir.

Ceux-ci en effet se brisaient en deux moitiés, tout à l’heure. Il était impossible que des Feuillants comme Merlin ou Dubois-Crancé marchassent avec des Feuillants tels que Barnave et les Lameth. Nous ignorons malheureusement leurs débats intérieurs ; mais ils ne se révèlent que trop à l’Assemblée nationale. Le 30, sur la plus grave des questions, ils faiblissent, ils s’éparpillent, la majorité leur échappe, le pouvoir aussi pour toujours ; car c’était la question même du pouvoir qui s’agitait. L’Assemblée, après Varennes, avait envoyé quelques commissaires dans les départements frontières pour les surveiller et les raffermir. Le bon effet de cette mesure faisait qu’on songeait à l’étendre. C’est-à-dire que l’Assemblée, qui jusque-là parlait, ordonnait de loin, voulait cette fois agir de près, se transporter, en la personne de ses membres les plus énergiques, sur tous les points du territoire, se montrer partout, et, dans cette