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Elle se sentait devenir malade, et, en effet, elle tomba. L’excès de la fatigue, la continuité des émotions, l’affreux coup du 17 surtout, la firent succomber ; elle désespéra un moment de la liberté. Elle écrivait, le 20, à Bancal que tout était fini, que les Jacobins ne pourraient jamais se soutenir, qu’il était inutile qu’il vînt à Paris, etc. Mais la puissante impulsion qu’elle avait donnée[1] ne s’arrêtait pas ainsi. Au moment même, Bancal allait partir, il tenait la violente adresse des Jacobins de Clermont, qui semble précisément écrite de la main et de la plume de Madame Roland. Il crut ses premiers conseils, ne tint compte des seconds, vola à Paris, se présenta lui-même aux portes de l’Assemblée, le brûlant papier à la main.

Cette adresse, grave dans sa violence, magistrale, tombant d’en haut, du peuple souverain sur ses délégués, les tançait d’avoir deux fois trompé l’espoir de la nation en ajournant la convocation des assemblées électorales ; trois fois même, ayant promis que la constitution serait finie le 14 et ne tenant point parole. Elle annonça à l’Assemblée que si, dans la quinzaine, son décret pour suspendre les élections n’était pas révoqué, on aviserait sans elle.

Bancal ne put passer les portes ; on ne l’admit point à la barre. Son compatriote Biauzat, député d’Auvergne, censura l’adresse avec violence et mépris, cherchant à salir le caractère même de celui

  1. Elle avoue (Lettres à Bancal, p. 272) qu’une grande partie des adresses républicaines des provinces s’étaient écrites à Paris, chez elle.