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récemment nommé évêque du Calvados, était dans son évêché. Ce fut l’autre, plus franc, plus hardi, le jeune Bonneville, qui prit cette grande initiative, dans les numéros du 21 et du 23 juin. Il y avait juste deux ans que le même Bonneville, le 6 juin 1789, dans l’assemblée des électeurs, avait le premier fait appel aux armes.

Bonneville, homme de grand cœur, franc-maçon mystique, trop souvent dans les nuages, prenait dans les questions graves, dans les crises périlleuses, beaucoup de lucidité. Il soutenait contre Fauchet, son ami, que la Révolution ne pouvait prendre pour base religieuse un replâtrage philosophique du christianisme[1]. Sur la question de la royauté, il vit aussi fort nettement que l’institution était finie, et il repoussa les formes bâtardes sous lesquelles les intrigants hypocrites essayaient de

    faisais ici l’histoire de Paris, j’insisterais spécialement sur l’aspect de ce quartier, sur le rôle de cette redoutable section du Théâtre-Français, qui, dans tous les mouvements, agit seule et d’elle-même, comme une république à part. Je lis, le 21 juin, dans les registres de la Ville : « La section et le comité permanent du Théâtre-Français ordonnent au bataillon de Saint-André-des-Arts de ne recevoir d’ordre que du comité permanent, et de faire arrêter tout aide de camp qui se présenterait sur le territoire de la section. Signé : Boucher et Momoro. » — Le conseil municipal déclara cet arrêté nul, inconstitutionnel, et en écrivit au commandant général de la garde nationale, pour qu’il agît au besoin. La section, voyant que Paris ne suivait pas son mouvement, répondit plus modestement au conseil municipal : « Qu’elle n’avait pris cet arrêté que pour le salut public, qui était la suprême loi… mais que les ordres de la municipalité seraient respectés. Signé : Sergent et Momoro. » (Arch. de la Seine, Conseil général de la commune, reg. 19.)

  1. Nous trouvons ce curieux détail sur Bonneville dans les Lettres de Madame Roland à Bancal. — Ce fol admirable était plein de sens dans les grandes circonstances. Il ne se trompe ici ni sur la situation générale, ni sur les petites nuances. Seul alors il juge très bien La Fayette et Barnave, avec