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liation. Il y alla, en effet, et reçut cette fière réponse, « qu’ils ne recevraient de Jacobins que ceux qui se conformeraient à leurs nouveaux règlements.

Les Feuillants se montraient bien plus orgueilleux qu’habiles. Leur premier acte, l’adresse du 17 aux sociétés affiliées, avait été en tout sens impolitique et malencontreuse ; adresse mal datée, du jour du massacre ; mal signée, du nom de Salles, qui avait défendu le roi ; mal envoyée, sous le couvert du ministre, et suspecte par cela seul ; enfin, pour que rien n’y manquât, mal approuvée, si l’on peut dire ; elle le fut immédiatement de Châlons-sur-Marne, la ville royaliste qui avait si bien reçu le roi au retour.

Dans cette adresse, les Feuillants donnaient pour principal motif de la séparation qu’ils voulaient se borner à préparer les travaux de l’Assemblée, ne rien faire que discuter, sans rien arrêter par les suffrages ; en un mot, parler sans conclure, sans résoudre, sans agir, laisser agir l’Assemblée seule. Ils étaient bien sûrs de déplaire. Le temps avait soif d’agir ; il s’élançait vers l’avenir. Et l’on proposait de s’en tenir à une Assemblée in extremis qui déjà était le passé !

Le 23, les Feuillants se portèrent à eux-mêmes le coup fatal, ils se marquèrent du signe de mort, celui de l’inégalité, se posant comme une assemblée distinguée, privilégiée, où l’on n’entrait point, si l’on n’était citoyen actif (électeur des électeurs). Beaucoup d’entre eux s’opposèrent à cette déclaration, et, n’étant point écoutés, ils n’attendirent plus dès lors qu’une occasion pour retourner aux Jacobins.