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l’église inférieure, où des sociétés ouvrières, des clubs de femmes du peuple, se débattaient violemment.

Ce n’était pas là un local vulgaire qu’on pût impunément quitter. Ce qui prouve que les Feuillants n’étaient point des politiques, c’est qu’ils ne l’aient point senti. Ils pouvaient tout le 17, ils étaient l’Assemblée elle-même. Ils auraient dû à tout prix ou détruire ou occuper le lieu, et cela, le soir, sans autre délai, profiter de la terreur de leurs ennemis.

Ils s’en avisèrent un matin. Feydel, successeur de Laclos dans la rédaction du journal, vint avec lui réclamer le local et la correspondance. Ils alléguaient que les Feuillants, spécialement Duport et Lameth, étaient les fondateurs du club, que tout le comité de correspondance (du moins vingt-cinq membres sur trente) avait passé de leur côté. Ils étaient venus de bonne heure, espérant probablement enlever la chose dans la solitude et le découragement des Jacobins, avant l’arrivée de Pétion et Grégoire, croyant peut-être aussi que Robespierre, menacé, n’oserait venir. Les Jacobins déclarèrent vouloir les attendre. Ils arrivent. Pétion, qui venait de tâter l’Assemblée nationale, qui avait obtenu qu’elle énervât sa loi répressive, c’est-à-dire qu’elle reculât au jour même de la victoire, Pétion n’hésita pas à répondre, pour les députés jacobins, qu’ils étaient, autant que les autres, fondateurs du club, qu’ils garderaient la correspondance et resteraient là ; qu’au reste, il allait faire, auprès des Feuillants, une démarche de conci-