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salle à peu près vide ; personne, à peine cinq ou six députés ; tous sont restés aux Feuillants. Pétion y court et « fait l’impossible », il le dit ainsi lui-même, pour les ramener ; il s’humilie même : « Quand la société aurait eu quelque tort, serait-ce le moment de la quitter ? » Mais on ne daigne l’ouïr. Il voit, non sans inquiétude, qu’une adresse est préparée pour annoncer par toute la France aux sociétés affiliées que les Amis de la constitution siègent maintenant aux Feuillants.

Pour terroriser Paris, il fallait d’abord que l’Assemblée fît peur à la municipalité. Des mots durs pouvaient seuls la réveiller de sa langueur de la veille. D’André l’accusa aigrement d’avoir vu les lois violées et de l’avoir souffert. Il demanda et obtint qu’on mandât à la barre la municipalité, et les ministres, et les six accusateurs publics, qu’on les rendît responsables. Quelques membres, suivant la passion qui les entraînait, allaient détourner la colère de l’Assemblée contre Prieur ou Robespierre. D’André, avec fermeté et présence d’esprit, ne leur permit pas d’user leur ardeur dans ces accusations individuelles. Il les ramena aux mesures générales et les fit voter. Le président (c’était Charles de Lameth) adressa des paroles impérieuses et sévères à Bailly, aux municipaux. Le soir, même admonestation aux ministres, aux accusateurs publics. On recommande spécialement de surveiller, au besoin, d’arrêter les étrangers.

Cependant des scènes violentes avaient lieu dans