Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/142

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pourtant pas fâché d’atténuer sa responsabilité par ce mot constitutionnels, qui rendait la chose légale et éloignait les poursuites.

Traversons maintenant la rue Saint-Honoré et voyons comment, presque en face, les meneurs de l’Assemblée, les royalistes constitutionnels, réunis aux Feuillants dans les bureaux des comités, voyons comme ils emploient leur nuit.

Ils arrêtent deux résolutions :

L’une, celle que Duport, les Lameth, avaient dès longtemps en pensée, de ne plus traverser la rue pour aller aux Jacobins, de rester aux Feuillants mêmes, à l’ombre de l’Assemblée, de former, avec la masse des députés dont ils disposent, un nouveau club des Amis de la constitution, club d’élite où l’on entrera par billets, où l’on ne recevra que les électeurs. Qui restera aux Jacobins ? Cinq ou six députés peut-être, la tourbe des nouveaux membres, des intrus, une bande d’aboyeurs, au niveau de ceux qui ont envahi la salle hier soir.

Et l’autre résolution, c’est de tirer de leur torpeur les pouvoirs publics, de mettre le maire de Paris en demeure de montrer s’il est avec l’Assemblée ou avec la populace, de l’admonester vertement pour son hésitation, sa mollesse de la veille, de mander aussi les ministres, les accusateurs publics, de les rendre responsables. L’Assemblée avait déjà La Fayette, l’épée immobile, au fourreau ; par ce reproche et cet appel aux magistrats, au pouvoir municipal, elle allait tirer l’épée…