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mais elle y était restée ; ce qui en était revenu, c’était moins encore que la négation de la royauté, c’en était la parodie, la dérision barbare, la farce, qui était un supplice.

Que voulaient ces étonnants restaurateurs de la royauté ? Deux choses contradictoires : qu’elle fût à la fois faible et forte, qu’elle fût et qu’elle ne fût pas. Ils sentaient bien que, captive, liée, garrottée ainsi, elle devait être dans un état permanent de conspiration ; donc il fallait d’autant plus serrer le lien. Mais, d’autre part, une autre peur les pressait de lâcher, d’armer cette royauté captive. Des voix souterraines grondaient qui leur dérangeaient l’esprit. Le fantôme de l’anarchie leur apparaissait dans leurs rêves, et ils faisaient ce qu’il fallait pour lui donner corps. La voix caverneuse de Marat leur semblait celle du peuple, et c’étaient eux justement qui le popularisaient.

À cette époque, Marat extravague. N’ayant rien compris à la situation, saisi nulle initiative, il prend sa revanche par la folie atroce de ses imaginations. Tout ce qu’il avait trouvé d’expédients à proposer, le 21 juin, c’était un tyran et un massacre, l’égorgement général de l’Assemblée et des autorités. Puis viennent d’aimables variantes dans les numéros suivants : couper les mains, couper les pouces, tenir trois jours sur le pal, enterrer vivants, etc.[1].

Les constitutionnels reculaient de hideur (pour

  1. Ami du peuple, no 509, p. 8 ; no 512, p. 8 ; no 514, p. 4, etc.