Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/122

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bien d’autres, Brissot éclata, brûla ses vaisseaux, vint aux Jacobins, traita la même question, mais dans une étendue, une lumière, un éclat extraordinaires ; il enleva un moment cette société, généralement contraire à son opinion, et qui, de plus, l’aimait peu lui-même.

Il déclara d’abord qu’il se tenait dans le cercle tracé par Pétion, qu’il examinerait seulement : Si le roi devait, pouvait être jugé, ajournant la question de savoir, en cas de destitution, quel gouvernement suppléerait.

S’accommodant habilement aux scrupules des Jacobins, au nom même de leur société (Amis de la constitution) : « Nous sommes tous d’accord, dit Brissot ; nous voulons la constitution. Le mot vague de républicains ne fait rien ici. Ceux qui sont contraires à ce mot, que craignent-ils ? L’anarchie : ceux qu’on appelle républicains ne la redoutent pas moins ; les uns et les autres craignent et la turbulence des démocraties de l’Antiquité, et la division de la France en républiques fédérées ; ils veulent également l’unité de la patrie. »

Après ces paroles rassurantes, et sans s’expliquer autrement sur le sens du mot république, il arrive à la question : « Le roi doit-il être jugé ? » Son argumentation, identique à celle de Pétion, à celle des orateurs qui parlèrent plus tard, Robespierre, Grégoire et autres, serait forte, s’ils déclaraient franchement qu’ils rejettent la royauté comme une institution barbare, une absurde religion ; elle est faible, parce qu’ils hésitent, reculent, ne vont point jusqu’au