suivre. Et ce qui m’y décidait, c’était l’assurance positive qu’il ne voulait point quitter le royaume. » Les trois s’inclinèrent profondément et s’en allèrent satisfaits.
Le public ne le fut pas. Il se sentit mortifié qu’on pût le croire dupe d’une comédie si grossière. Les royalistes ne furent pas moins irrités que les autres de voir le roi et la reine dans les mains des constitutionnels. Tout en se lamentant sur la captivité du roi, sur la désobéissance universelle, ils agirent eux-mêmes comme si le roi n’eût point existé, sans s’informer de son avis, sans son autorisation. Les têtes chaudes du parti, d’Espreménil, un fol, Montlosier, jeune, ardent, aveugle dans sa loyauté, rédigèrent une violente protestation contre la suspension du roi, une déclaration qu’ils ne prenaient plus part aux actes de l’Assemblée. Elle fut signée de deux cent quatre-vingt-dix députés. Malouet s’opposa en vain à cet acte insensé, qui annulait les royalistes dans l’Assemblée nationale, au moment où cette Assemblée travaillait à relever le roi. La passion, l’étourderie, y eurent part, sans doute, mais vraisemblablement aussi la rage jalouse de voir le roi se conduire par les avis de ceux qui avaient jusque-là combattu les royalistes.
Les royalistes allaient, tête baissée, dans l’abîme, emportant le roi avec eux. Bouillé, par chevalerie, par dévouement, lui donne encore un coup terrible. Dans une lettre, prodigieusement insolente et ridicule, il déclare à l’Assemblée : « Que si l’on touche au roi, à