Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’on fit. Il eût fallu, par une suite de conspirations maladroites, lui montrer à chaque instant le roi en fuite, le roi à la tête des armées, le roi revenant affamer Paris.

Sans doute, en supposant la liberté assise, les résistances moins fortes, il eût mieux valu leur ouvrir la porte toute grande, à ce roi, à cette reine, les mener à leur vraie place, à la frontière, en faire cadeau à l’Autriche.

Mais, dans l’état chancelant, incertain, où se trouvait la pauvre France, ayant pour chef une assemblée de métaphysiciens, et contre elle des hommes d’exécution et de main, comme était M. de Bouille, comme nos officiers de marine, comme les gentilshommes bretons, il était bien difficile de lâcher le grand otage, le roi, de donner à toutes ces forces ce qui leur manquait, l’unité.

Donc le peuple veillait nuit et jour, rôdait autour des Tuileries ; il ne se fiait à personne. Il allait voir tous les matins si le roi n’était pas parti. La garde nationale lui en répondait, et le commandant de la garde nationale. Mille bruits circulaient, reproduits par des journaux violents, furieux, qui à tout hasard dénonçaient quelque complot… Les gens modérés s’indignaient, niaient, ne voulaient pas croire… Le complot n’en était pas moins découvert le lendemain. Le résultat de tout ceci, c’est que le roi, qui n’était nullement prisonnier en octobre, l’était en novembre ou décembre.

La reine avait manqué un moment unique, admi-