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cour, il aurait découragé les résistances inutiles. Qui donc, quand l’Océan monte, oserait marcher contre lui ?

La reine se trompa dès le point de départ, et elle resta trompée. Elle vit dans le 6 octobre une affaire arrangée par le duc d’Orléans, un tour que lui jouait l’ennemi. Elle céda, mais, avant de partir, conjura le roi, au nom de son fils, de n’aller à Paris que pour attendre le moment où il pourrait s’éloigner[1].

Dès le premier jour, le maire de Paris, le priant d’y fixer sa résidence, lui disant que le centre de l’Empire était la demeure naturelle des rois, n’avait tiré de lui que cette réponse : « Qu’il ferait volontiers de Paris sa résidence la plus habituelle. »

Le 9, proclamation du roi où il annonce que, s’il n’eût pas été à Paris, il eût craint de causer un grand trouble ; que, la constitution faite, il réalisera son projet d’aller visiter ses provinces ; qu’il se livre à l’espoir de recevoir d’elles des marques d’affection, de les voir encourager l’Assemblée nationale, etc.

Cette lettre ambiguë, qui semblait provoquer des adresses royalistes, décida la commune de Paris à écrire aussi aux provinces ; elle voulait les rassurer, disait-elle, contre certaines insinuations, jetant un voile sur le complot qui avait failli renverser l’ordre nouveau ; elle offrait une fraternité sincère à toutes les communes du royaume.

  1. Beaulieu, II, 203.