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éternel. Haineuse, insidieuse défense, adressée non à l’Assemblée, mais à l’orgueil provincial, provocation retentissante à la guerre civile.

La Bretagne avait-elle à craindre de diminuer, en devenant France ? Est-ce qu’une telle séparation pouvait durer à jamais ? Ne fallait-il pas tôt ou tard qu’un mariage plus vrai se fit ? La Bretagne a gagné assez à participer à la gloire d’un tel empire. Et cet empire, certes, a gagné, nous en conviendrons toujours, à épouser la pauvre et glorieuse contrée, sa fiancée de granit, cette mère des grands cœurs et des grandes résistances.

Ainsi la défense des parlements, trop mauvaise, se retirait dans la défense des provinces, des États provinciaux. Mais ces États se trouvaient plus faibles encore en un sens. Les parlements étaient des corps homogènes, organisés ; les États n’étaient autre chose que de monstrueuses et barbares constructions, hétérogènes et discordantes. Ce qu’on pouvait dire de meilleur en leur faveur, c’est que tels d’entre eux, ceux du Languedoc, par exemple, avaient sagement, prudemment administré l’injustice. D’autres, ceux du Dauphiné, sous l’habile direction de Mounier, avaient pris, la veille de la Révolution, une noble initiative.

Le même Mounier, fugitif, jeté dans la réaction, avait abusé de son influence sur le Dauphiné pour faire indiquer une convocation prochaine des États, « où l’on examinerait si effectivement le roi était libre ». À Toulouse, une ou deux centaines de nobles