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rendre nuls, en les calquant sur la forme des vieux États impuissants.

Ce jour-là, ils étaient morts.

Quand l’Assemblée décréta la vacance indéfinie, ils s’attendaient peu à ce coup. Ceux de Paris voulaient résister[1]. Le garde des sceaux, archevêque de Bordeaux, les supplia de n’en rien faire. Novembre aurait renouvelé le grand mouvement d’octobre. Ils enregistrèrent et firent l’offre, un peu tardive, de juger gratuitement.

Ceux de Rouen enregistrèrent ; mais secrètement, prudemment, ils écrivirent au roi qu’ils le faisaient provisoirement et par soumission pour lui. Ceux de Metz en dirent autant, publiquement, avec audace, toutes les chambres assemblées, motivant hardiment cet acte sur la non-liberté du roi. Ceux-ci pouvaient être braves sous le canon de Bouillé.

Grande peur du garde des sceaux, le timide évêque. Il montre au roi le péril ; l’Assemblée va riposter, s’irriter, lancer le peuple. Le moyen de sauver les parlements, c’est que le roi se hâte de les condamner lui-même. Il sera en position meilleure pour intervenir et intercéder. Déjà, en effet, les villes de Rouen, de Metz, déféraient leur parlement, demandaient leur punition. Ces corps orgueilleux se virent seuls, toute la population contre eux. Ils se rétractèrent. Metz, elle-même, pria pour les coupables. Et l’Assemblée pardonna (25 novembre 1789).

  1. Voir le parlementaire Sallier. (Annales, II, 49.)