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CHAPITRE II

RÉSISTANCES. — LE CLERGÉ (OCTOBRE-NOVEMBRE 1789).


Grandes misères. — Nécessité de reprendre les biens du clergé. — Il n’était pas propriétaire. — Réclamations des victimes du clergé : serfs du Jura, religieux et religieuses, protestants, juifs, comédiens.


Le sombre hiver où nous entrons ne fut pas atrocement froid comme celui de 1789. Dieu eut pitié de la France. Il n’y aurait eu nul moyen de résister et de vivre. La misère avait augmenté ; nulle industrie, nul travail. Les nobles, dès cette époque, émigrent ou du moins quittent leurs châteaux, la campagne trop peu sûre, viennent s’établir dans les villes, s’y tiennent renfermés, serrés, dans l’attente des événements ; plusieurs se préparent à fuir, font leurs malles à petit bruit. S’ils agissent dans leurs domaines, c’est pour demander, non pour soulager ; ils ramassent à la hâte ce qu’on leur doit, l’arriéré des droits féodaux. Resserrement de l’argent, cessation du travail, entassement effroyable des mendiants dans les villes ; près de deux cent mille à Paris ! D’autres y viendraient par millions, si l’on