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aux ennemis de la loi, et le jeune chef qui, à la tête de leurs députés, jurait, l’épée sur l’autel, ajouta à son serment : « S’ils deviennent de bons citoyens, nous leur pardonnons. »

Ces grandes fédérations, qui pendant huit ou neuf mois se font par toute la France, sont le trait distinctif, l’originalité de cette époque. Elles sont d’abord défensives, de protection mutuelle contre les ennemis inconnus, les brigands, contre l’aristocratie. Puis ces frères, armés ensemble, veulent vivre ensemble aussi ; ils s’inquiètent des besoins de leurs frères, ils s’engagent à assurer la circulation des grains, à faire passer la subsistance, de province en province, de ceux qui ont peu à ceux qui n’ont pas. Enfin la sécurité renaît, la nourriture est moins rare, les fédérations continuent, sans autre besoin que celui du cœur : Pour s’unir, disent-ils, et s’aimer les uns les autres.

Les villes et les villes se sont d’abord unies entre elles, pour se protéger elles-mêmes contre les nobles. Puis les nobles étant attaqués par le paysan ou par des bandes errantes, les châteaux brûlés, les villes sortent en armes, vont protéger les châteaux, défendre les nobles, leurs ennemis. Ces nobles viennent en foule s’établir dans les villes, parmi ceux qui les ont sauvés, et prêter le serment civique (février-mars).

Les luttes des villes et des campagnes durent peu heureusement. Le paysan de bonne heure ouvre l’oreille et les yeux ; il se confédère, à son tour, pour l’ordre et la constitution. J’ai sous les yeux les