Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/527

Cette page a été validée par deux contributeurs.

S’il y a du bon dans les hommes du passé, c’est là où ils n’imitent point. Ressemblez-leur par le côté inventif et créateur ; et que faut-il pour cela ? Imiter ? Non, créer comme eux.

L’obstacle à Dieu, ce sont les dieux. Pour rester libre de ceux-ci et maître de soi, il faut les regarder de près sur leur autel, toucher, pénétrer, fouiller. Ouvrez sans crainte ces idoles, ne vous en faites scrupule ; vous ne les tuerez pas, si ce sont des immortels.

Quant à moi, je ne pouvais aisément les reconnaître. Sans refuser à ces hommes ce que leur doit l’histoire, il m’aurait semblé impie de perdre dans leur auréole l’immense et divine lumière du génie de la France dont ils ont été un reflet. — Comment aurais-je adoré les petits dieux de ce monde ? Je venais d’entrevoir Dieu.

Puisse cette vision sublime que nous eûmes de lui un moment, dans l’acte solennel de la Fraternité française, nous relever tous, auteur et lecteurs, des misères morales du temps, nous rendre une étincelle héroïque du feu qui brûla le cœur de nos pères !