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duite par l’un de ses gardes, chez un ancien serviteur de la maison de Condé, dont la maison se trouvait sur la pente qui mène à Varennes. On l’attend ; quand elle remonte, les gardes réunis contraignent par promesses et menaces les postillons, fort ébranlés, à traverser la ville, passer rapidement le pont qui la divise, la tour du pont, la porte basse et la voûte qui se trouvent sous la tour : nulle autre chance de salut. On venait d’apprendre que le commandant des hussards qui devait attendre à Varennes, sur la nouvelle de l’arrivée du roi, au bruit de tout ce mouvement, s’était sauvé au galop ; les hussards étaient dispersés, les uns couchés, les autres ivres. Ce commandant était un Allemand de dix-sept ou dix-huit ans ; il n’était prévenu de rien ; il apprit la chose tout à coup et perdit la tête.

Drouet et Guillaume, un camarade qui l’avait suivi, mirent singulièrement à profit ces quelques minutes. Jeter leurs chevaux dans une écurie qui se trouva ouverte, avertir l’aubergiste pour qu’il avertît les autres, courir au pont, le barrer avec une voiture de meubles et d’autres voitures, ce fut l’affaire d’un instant. De là ils courent chez le maire, le commandant de la garde nationale ; ils n’ont rassemblé que huit hommes, n’importe, ils vont à la voiture ; elle n’était encore qu’au bas de la côte. Le commandant et le procureur de la commune demandent les passeports… « La reine : Messieurs, nous sommes pressés… — Mais enfin qui êtes-vous ? — Mme de Tourzel : C’est la baronne de Korff. »