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nels, ont glissé sur lui ; sa vie fut toute en cette heure, rien avant et rien après.

Quand on arriva à onze heures et demie du soir à la hauteur de Varennes, la fatigue l’avait emporté, tout dormait dans la voiture. Elle s’arrêta brusquement et tous s’éveillèrent. Le relais n’apparaissait pas ; point de nouvelles du courrier qui devait le commander.

Celui-ci (M. de Valory) le cherchait depuis longtemps ; il avait d’abord appelé, sondé le bois des deux côtés de la route, appelé encore en vain. Il ne lui restait alors qu’à entrer dans la ville, frapper aux portes, s’informer. N’apprenant rien, il revenait désolé vers la voiture ; mais cette voiture déjà et ceux qu’elle contenait avaient reçu un coup terrible, un mot, une sommation, qui les fit dresser en sursaut : Au nom de la nation !

Un homme à cheval accourt par derrière au grand galop, s’arrête droit devant eux, et, dans les ténèbres, crie : « De par la nation, arrête, postillon ! tu mènes le roi ! »

Tout resta stupéfié. Les gardes du corps n’avaient ni armes à feu, ni l’idée de s’en servir. L’homme passa, poussa son cheval à la descente et dans la ville. Deux minutes après, on commença à voir des hommes sortir avec des lumières, s’agiter et se parler, peu d’abord, puis davantage ; les allants et venants augmentent, la petite ville s’éclaire… Tout cela en deux minutes… puis le tambour bat.

La reine, pour s’informer aussi, était entrée, con-