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où il y avait de la fermentation. Ils prirent un guide et entreprirent de passer par les bois, s’engagèrent dans des routes affreuses, n’arrivèrent qu’au matin à Varennes. Choiseul eût dû faire suivre la grand’route par Goguelat ou quelque autre, afin que, si le roi passait, on le guidât, on avertit les autres détachements ; loin de là, il envoya un valet de chambre de la reine, serviteur dévoué, mais léger, de peu de tête (et qui, par l’émotion, n’avait plus même ce peu) ; il le dépêcha pour dire aux détachements, sur la route, qu’il n’y avait plus d’espoir, qu’il ne restait qu’à se rallier prés de M. de Bouillé. Choiseul s’en allait tout droit hors de France, il partait pour Luxembourg.

Le roi arriva au moment où il venait de s’éloigner. Point de Choiseul, point de Goguelat, point de troupes. « Il vit un abîme ouvert. » Cependant la route est tranquille ; on arrive à Sainte-Menehould ; dans son inquiétude, il regarde, met la tête à la portière. Le commandant du détachement, qui ne l’avait pas fait monter à cheval, veut s’excuser, vient le chapeau à la main ; chacun reconnaît le roi. La municipalité, déjà assemblée, fait défendre aux dragons de monter à cheval. Leurs dispositions étaient trop incertaines pour qu’on essayât, malgré eux, de retenir la voiture ; mais un homme s’offre de la suivre, d’essayer de la faire arrêter plus loin ; la municipalité l’autorise expressément. Cet homme, un ancien dragon, Drouet, fils du maître de poste, partit, en effet, surveille, suivi de près par un cava-