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ce que donnait le roi seul. Un trait rompu arrêta quelques moments ; le roi aussi retarda un peu en voulant faire une montée à pied. Nulle difficulté du reste ; trente lieues et plus, où l’on n’avait placé aucun détachement de troupes, se trouvèrent ainsi parcourues. La reine, avant Châlons, disait à M. de Valory : « François, tout va bien, nous serions arrêtés déjà, si nous devions l’être. »

Tout va bien ?… Pour la France ? ou bien pour l’Autriche ?… — Car enfin où va le roi ?

Il l’a dit hier soir à M. de Valory : « Demain je vais coucher à l’abbaye d’Orval », hors de France, sur terre autrichienne.

M. de Bouillé dit le contraire ; mais lui-même, il montre aussi, il établit parfaitement que le roi, n’ayant plus aucune sécurité à attendre dans le royaume, avait dû changer d’avis, tomber enfin, malgré lui, dans le filet autrichien. Le peu de troupes que gardait Bouillé était si peu dans sa main qu’ayant fait quelques lieues au-devant du roi, il crut devoir retourner pour être au milieu de ses soldats, les veiller, les maintenir.

Le projet, qui semblait français en octobre, et même encore en décembre, ne l’est plus en juin, lorsque M. de Bouillé a vu son commandement limité, ses régiments suisses éloignés, ses régiments français gagnés, lorsqu’il garde à peine quelque cavalerie allemande. Le roi le sait et ne peut plus écouter ses répugnances pour passer sur terre d’Autriche.

Le plan primitif de Bouillé était plus dangereux