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France à la bonne foi de Louis XVI. Et peut-être, en effet, restait-il assez bon Français pour vouloir tromper l’Autriche en profitant de ses secours. Il lui demandait seulement une dizaine de mille hommes, force insignifiante et d’ailleurs fort balancée par une armée espagnole, par les vingt-cinq mille Suisses que les capitulations les obligeaient de fournir sur la réquisition du roi. Aussi les Autrichiens ne se pressaient nullement ; ils attendaient, alléguaient les oppositions de la Prusse et de l’Angleterre ; il ne leur convenait point de venir ainsi gratis, et seulement pour la montre, comme figurants de comédie, pour enhardir, rallier les royalistes, pour créer au roi une force ; ils lui demandaient, au contraire, de prouver qu’il en avait une, de commencer la guerre civile. Pour les décider à prendre sur eux le poids d’une telle affaire, il fallait les intéresser ; si le roi eût offert l’Alsace, quelques places au moins, son beau-frère, le sensible Léopold, aurait, malgré ses embarras, agi plus efficacement.

Telle était la situation de ce triste Louis XVI, et ce qui fait qu’on en a pitié, quoiqu’il trompât tout le monde. Il n’avait rien de sûr, ni au dehors, ni au dedans, ni dans sa famille même. Il ne trouva en elle qu’égoïsme. Loin qu’elle lui fût un soutien, elle contribua singulièrement à sa perte.

Ses tantes y contribuèrent, ayant hâte de partir avant lui, soulevant ainsi la terrible discussion du droit d’émigrer, diminuant d’autant pour le roi les chances de l’évasion.