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pour la messe et pour la chasse. Et la reine ? Renvoyée en Autriche ou au couvent.

Léopold, à ce roman, répondait par un roman, qu’au 1er juillet, sans faute, les armées seraient exactes au rendez-vous sur la frontière. Seulement il témoignait répugnance pour les faire entrer en France. Quand même il eût eu réellement l’idée de faire quelque chose, sa sœur l’en aurait empêché ; elle lui écrivait, de Paris, de n’avoir pas la moindre confiance dans Calonne. Et, en même temps, le roi et la reine faisaient dire au comte d’Artois qu’ils se fiaient à Calonne et l’autorisaient à traiter pour eux[1].

Toutes les démarches du roi et de la reine, à cette époque, sont doubles, contradictoires.

Ainsi, ils font faire à La Fayette (par le jeune Bouillé, son cousin) des offres illimitées, s’il veut aider au rétablissement du pouvoir royal (décembre ou janvier). Et, presque en même temps, ils assurent au comte d’Artois qu’ils connaissent La Fayette « pour un scélérat et un factieux fanatique en qui on ne peut avoir aucune confiance » (mars 1791).

Ainsi, au moment même où le roi, par sa tentative de sortir des Tuileries (18 avril), vient de constater, devant l’Europe, sa non-liberté, il approuve une lettre que, fort étourdiment, ont rédigée les Lameth, dans laquelle on lui fait dire qu’il est parfaitement

  1. Voir les lettres de Léopold et de la reine, publiées dans la Revue rétrospective, en 1833, tomes I et II de la seconde série (d’après les originaux, aux Archives du royaume) : « Nous vous réitérons la demande de huit mille ou dix mille hommes », etc. (1er juin 1791.) On peut voir aussi les lettres de la reine publiées par Arneth, d’après les archives de Vienne.