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avoue qu’il avait besoin de troupes allemandes pour contenir le peu qui lui restait de Français. Il exigeait, dit son fils, le secours des étrangers. À Paris, l’évasion fut tramée chez un Portugais, dirigée par un Suédois ; la voiture qui y servit fut cachée chez un Anglais.

Ainsi, dans ses moindres détails, comme dans ses circonstances les plus importantes, l’affaire apparaît et fut une conspiration étrangère, l’étranger déjà au cœur du royaume, nous faisant la guerre par le roi. Et le roi même, la reine, qu’étaient-ils ? Étrangers tous deux par leurs mères : lui, né Bourbon-Saxon ; elle, née Lorraine-Autriche.

Les souverains, en général, en qui les peuples cherchent les gardiens de leur nationalité, se trouvent ainsi, par leurs parentés et mariages, moins nationaux qu’Européens, ayant souvent à l’étranger leurs relations les plus chères, leurs amitiés, leurs amours. Il est peu de rois qui, en bataille contre un roi, ne se trouvent avoir en face un cousin, neveu, beau-frère, etc. Ces rapports, qui, en justice, obligent les hommes à se récuser, ne sont-ils pas des causes de suspicion légitime dans cette suprême justice des nations qui se plaide en diplomatie ou se tranche par l’épée ?

L’homme sous lequel la marine française s’était relevée contre l’Angleterre, n’était certes pas un roi étranger de sentiment ; il l’était de race. L’Allemand était son parent, l’Espagnol était son parent. S’il avait quelque scrupule d’appeler l’Autriche, il le