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dée, à ce qu’il semble, par la mort de Mirabeau, à qui l’on aurait donné un rôle dans la comédie, eut lieu aux jours solennels, aux jours les plus émus pour les cœurs religieux, à la seconde fête de Pâques, le lundi 18 avril 1791.

Tout le monde bien averti la veille, tous les journaux retentissant dès le matin du départ du roi, la foule obstruant déjà tous les abords du palais, vers onze heures, le roi, la reine, la famille, les évêques, les serviteurs remplissant plusieurs voitures bien chargées, se mettent en mouvement pour partir. On ne va, dit-on, qu’à Saint-Cloud ; mais la foule serre les voitures. On sonne le tocsin à Saint-Roch. La garde nationale rivalise avec le peuple pour empêcher tout passage. L’animosité était grande contre la reine, contre les évêques. « Sire, dit un grenadier au roi, nous vous aimons, mais vous seul ! » La reine entendit des mots bien plus durs encore ; elle trépignait, pleurait.

La Fayette veut faire un passage, mais personne n’obéit. Il court à l’Hôtel de Ville, demande le drapeau rouge. Danton, qui était là heureusement, lui fit refuser le drapeau et peut-être empêcha un massacre ; La Fayette, ignorant alors que l’intention du départ fut simulée, eût agi selon toute la rigueur de la loi. Il avait laissé Danton à l’Hôtel de Ville, il le retrouva aux Tuileries, à la tête du bataillon des Cordeliers[1], qui vint sans être commandé.

  1. La Fayette, très subtil ici, prétend que Danton n’agissait que payé par la cour : « Il venait, dit-il, de toucher 100.000 francs pour remboursement