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discours, aux douces idées morales « d’un repos commandé par la raison et par la nature, d’une retraite nécessaire pour méditer sur les principes ». Il garantit « qu’il existait dans chaque contrée de l’Empire des pères de famille qui viendraient faire volontiers le métier de législateurs, pour assurer à leurs enfants des mœurs, une patrie… Les intrigants s’éloigneraient ? Tant mieux, la vertu modeste recevrait alors le prix qu’ils lui auraient enlevé. »

Cette sentimentalité, traduite en langue politique, signifiait que Robespierre, ayant saisi le levier révolutionnaire, échappé aux mains de Duport (le levier des Jacobins), ne craignait pas de se fermer l’Assemblée officielle, au nom des principes, pour d’autant mieux tenir la seule Assemblée active, efficace, le grand club directeur. Il y avait à parier que la prochaine législature, n’ayant plus des Mirabeau, des Duport, des Cazalès, serait faible et pâle, et que la vie, la force, seraient toutes aux Jacobins. Cette douce retraite philosophique qu’il conseillait à ses adversaires, lui il savait où la prendre, au vrai centre du mouvement.

Duport honora sa chute par un discours admirable contre la peine de mort, où il atteignit le fond même du sujet, cette profonde objection : « Une société qui se fait légalement meurtrière n’enseigne-t-elle pas le meurtre ? » Cet homme éminent, dont le nom reste attaché à l’établissement du Jury en France et à toutes nos institutions judiciaires, eut, comme Mirabeau, le glorieux bonheur de finir sur une ques-