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L’entrée au pouvoir, qui semblait s’ouvrir, leur fut fermée pour toujours.

Cinq semaines après, le 16 mai, Robespierre proposa et fit décréter que les membres de l’Assemblée actuelle ne pourraient être élus à la première législature.

Par deux fois, l’Assemblée constituante vota par acclamation contre elle-même.

Et deux fois sur la proposition du député le moins agréable à l’Assemblée, de celui dont elle avait invariablement repoussé les motions, les amendements.

Il y a là un grand changement, qu’il faut tâcher d’expliquer.

Et d’abord, un signe bien surprenant que nous en trouvons, c’est, dès le lendemain de la mort de Mirabeau, le ton nouveau, audacieux, presque impérieux de Robespierre. Le 6 avril, il reprocha violemment au comité de constitution la présentation à l’improviste du projet d’organisation ministérielle (présenté depuis deux mois). Il parla de « l’effroi que lui inspirait l’esprit qui présidait aux délibérations ». Il finit par cette parole dogmatique : « Voici l’instruction essentielle que je présente à l’Assemblée. » Et l’Assemblée ne murmura point. Elle lui accorda, pour le fond de la loi, l’ajournement au lendemain ; et c’est le lendemain, 7 avril, qu’assuré probablement d’une forte majorité, il fit la proposition d’interdire le ministère aux députés pour quatre ans.

Robespierre n’était plus l’homme hésitant, timide. Il avait pris autorité. On le sentit au 16 mai, où il