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CHAPITRE X

MORT DE MIRABEAU (2 AVRIL 1791).

Mirabeau tué par la médiocrité. — Indécision du parti bâtard qu’il combat, ineptie du parti qu’il défend. — Il se croit empoisonné, hâte sa mort, mars 1791. — Ses derniers moments, sa mort, 2 avril. — Honneurs qu’on lui rend ; ses funérailles, 4 avril. — Jugements divers sur Mirabeau. — Il n’a pas trahi la France ; il y eut corruption, non trahison. — Cinquante années d’expiation suffisent à la justice nationale.


Il est bien regrettable que nous n’ayons pas la réponse de Mirabeau. Elle dut être, si nous jugeons par les résultats, le triomphe de l’adresse et de l’éloquence. Nous en avons l’extrait, probablement défiguré. On y entrevoit néanmoins que cette réponse dut contenir, parmi cent choses flatteuses et insinuantes, des mots ironiques, par exemple celui-ci : « Et comment pourrait-on me prêter l’absurde dessein de présenter les Jacobins comme des factieux, lorsque chaque jour ils réfutent si bien cette calomnie par leurs réponses, par leurs séances publiques ? » Avec cela le grand orateur se fit si habilement Jacobin, si sensible à leur opinion, qu’il lui suffit d’un moment pour tourner tous les esprits. Il avoua qu’il