Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/437

Cette page a été validée par deux contributeurs.

prit du corps, à la vanité spéciale des Jacobins : « Les amis du despotisme, dit-il, les amis du luxe et de l’argent, justement effrayés des progrès de cette société, illustre par toute la terre, ont juré sa perte. Or voici le dernier complot auquel ils se sont arrêtés. Ils ont dit : « Il y a cent cinquante députés jacobins incorruptibles, eh bien, nous saurons les perdre ; nous forgerons tant de libelles qu’on les croira des factieux ! » Ah ! Messieurs, si je n’avais connu ce complot, j’aurais parlé ce matin. Misérable situation des patriotes, forcés de se taire et de transiger ! Aux premiers mots que je disais, on a crié : « Factieux ! » puis ils ont fait une émeute, puis dit au roi : « Eh bien, sire, voilà les Jacobins défaits ! » Quel est maintenant le centre de vos ennemis ? Mirabeau, toujours Mirabeau. Voilà encore qu’il a rédigé la proclamation du département ; et c’est vous qu’il y désigne comme factieux à exterminer. » Et se tournant vers Mirabeau : « Quand vous avez ainsi désigné les factieux, je me suis bien donné de garde d’objecter un mot, je vous ai laissé parler, il importait de vous connaître. S’il est quelqu’un ici qui n’ait vu ce matin vos perfidies, qu’il me démente ! — Une voix : « Non. » — « Et qui ose avoir dit : « Non ? » — La même voix : « Je voulais dire, Monsieur de Lameth, que personne de l’Assemblée ne pourrait vous démentir. » Personne ne réclamant, Lameth tira parti habilement du mot de Mirabeau : chefs d’opinion. Il flatta tous les muets, et poussant la chose avec le vrai génie de Tartufe :