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faveur de son frère aîné, des descendants de ce frère. Le duc d’Orléans était un de ces descendants, de ces représentants de l’aîné, à qui profitait la renonciation. Pouvait-il en même temps se faire le représentant de celle qui avait renoncé ?

Le rapporteur de l’affaire était un homme irréprochable, austère, dur, le janséniste Camus. Chaque jour il biffait, ajournait de malheureuses petites pensions de trois cents ou quatre cents livres. Quels moyens furent employés auprès de lui pour le rendre doux et facile, de quelle pressante et puissante obsession fut-il l’objet ? On ne peut que le deviner. Lui aura-t-on fait croire que c’était le seul moyen naturel de rembourser au prince les sommes qu’il avait généreusement dépensées au service de la liberté ?… Quoi qu’il en soit, Camus propose de payer ! et de payer sur-le-champ, dans l’année, en quatre termes.

Il y eut heureusement une vive indignation dans la presse. Brissot, ancien employé de la maison d’Orléans, n’en sonna pas moins le tocsin. Desmoulins, tout frère et ami du prince qu’il se disait, burina cette affaire honteuse en deux ou trois phrases terribles, consentant, disait-il, qu’on récompensât le duc d’Orléans, « mais sans employer des voies basses pour détourner l’argent des citoyens et saigner le Trésor public dans les souterrains d’un comité ». Il désavoua la gravure flatteuse et l’imputa à son éditeur.

Ce gros morceau échappa ainsi à la gloutonnerie des Orléanistes. Ce qui resta, ce fut une diminution