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Le président fait commencer l’appel nominal : M. l’évêque d’Agen.

L’évêque : Je demande la parole.

La gauche : Point de parole ! Prêtez-vous le serment, oui ou non ?

(Bruit au dehors.) Un membre : Que M. le maire aille donc faire cesser ce désordre !

M. l’évêque d’Agen : Vous avez dit que les refusants seraient déchus de leurs offices. Je ne donne aucun regret à ma place ; j’en donnerais à la perte de votre estime. Je vous prie d’agréer le témoignage de la peine que je ressens de ne pourvoir prêter le serment.

(On continue l’appel.) M. le curé Fournès : Je dirai avec la simplicité des premiers chrétiens… Je me fais gloire et honneur de suivre mon évêque, comme Laurent suivit son pasteur.

M. le curé Leclerc : Je suis enfant de l’Église catholique…

L’appel nominal réussissant si mal, un membre fit observer qu’il n’avait pas été exigé par l’Assemblée, qu’il n’était pas sans péril, qu’on devait se contenter de demander collectivement le serment. La demande collective n’eut pas plus de succès. L’Assemblée n’en tira d’autre avantage que de rester un quart d’heure et plus silencieuse, impuissante, et de donner à l’ennemi l’occasion de dire quelques nobles paroles qui ne pouvaient manquer, dans un pays comme la France, de faire bien des ennemis à la Révolution.

M. l’évêque de Poitiers : J’ai soixante-dix ans, j’en