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cipe l’étrange et bizarre éclectisme où vous mêlez grossièrement ensemble les éléments les plus contraires. Elle eut un principe simple, comme toute chose vivante, organique ; elle eut une âme, une vie.

Quand vous lui prêteriez vos paroles, vos conceptions bizarres, cela ne suffirait pas encore à la dénaturer, si on la voyait, ce qu’elle est, légitimement amenée par le courant invisible des siècles qui la préparent. Il faut supprimer ces siècles, trois au moins, nier la Renaissance, nier le Protestantisme qui est la moitié du monde, nier le dix-huitième siècle et le monde entier.

Où donc faut-il remonter pour trouver l’esprit véritable auquel nous rattacherons la Révolution ? Au traité de Westphalie ? À Luther ? À Jean Huss ? L’Europe, avant ces époques, était une, disent-ils, harmonique, parfaitement équilibrée. Or, savez-vous ce qu’avait à faire la Révolution selon eux ? Vous ne le devinez pas ? Replacer le monde au même point : « Ramener le droit public de l’Europe à l’état où il était avant le traité de Westphalie » (t. VI, p. xiii, 1re  édition).

Même page : « La Réforme brisa l’unité religieuse. » L’unité avait été grande en effet au quinzième siècle, grande au quatorzième siècle, grande si nous remontons aux Albigeois et plus haut… l’unité d’un chaos sanglant !

« Plus tard, disent-ils, naquit la doctrine du droit naturel. » Croyez-vous donc, parce que, jusque-là,