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Les forts veulent faire la force, la créer d’eux-mêmes. Les politiques vont la chercher où elle est.

Il y avait deux forces en France, deux grandes associations : l’une éminemment révolutionnaire, les Jacobins ; — l’autre, qui, profitant de la Révolution, semblait lui pouvoir être aisément conciliée : je parle du clergé inférieur, une masse de quatre-vingt mille prêtres.

C’était l’opinion générale. On n’examinait pas si, moralement, en toute sincérité, l’idée même du christianisme peut être accordée avec celle de la Révolution.

Robespierre, jugeant la chose en politique, ne chercha pas dans l’approfondissement du principe nouveau une forme d’association nouvelle. Il prit ce qui existait et crut que celui qui aurait les Jacobins et les prêtres serait bien près d’avoir tout.

La manière très simple et très forte de rattacher le prêtre à la Révolution, c’était de le marier. Robespierre en fit la proposition le 30 mai 1790. Sa voix fut étouffée par deux fois. L’Assemblée entière parut unanime pour ne point entendre. La gauche, selon toute apparence, ne voulut pas laisser prendre à Robespierre cette grande initiative. Chose remarquable et qu’on ne peut attribuer qu’à l’influence jalouse des hauts meneurs jacobins, les journaux furent d’accord pour ne point imprimer[1], comme

  1. Perlet en parle, et quelques autres ; mais on n’en trouve nulle mention dans les principaux journaux, ni dans les Révolutions de Paris, ni dans les Révolutions de France et de Brabant, ni dans le Courrier de Provence, ni