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le coup le plus grave. C’est par les Jacobins qu’elle reprit l’offensive.

Le 2 septembre, on apprit à Paris la nouvelle de Nancy, et le même jour, peu d’heures après, quarante mille hommes remplissaient les Tuileries, assiégeaient l’Assemblée, criant : « Le renvoi des ministres ! La tête des ministres ! Les ministres à la lanterne ! »

L’effet de la nouvelle fut amorti, l’émotion dominée par l’émotion, la terreur par la terreur.

La rapidité singulière avec laquelle fut arrangée cette émeute prouve à la fois l’état inflammable où le peuple se trouvait et la vigoureuse organisation de la société jacobine qui pouvait, au moment même où elle donnait le signal, réaliser l’action.

Et M. de La Fayette, avec ses trente et quelques mille hommes de garde nationale, avec sa police militaire et municipale, avec les ressources de l’Hôtel de Ville, avec celles de la cour, un moment rapprochée de lui pour frapper le coup de Nancy, La Fayette, dis-je, avec tant de ressources diverses, ne pouvait rien à cela.

Le ministre contre lequel on lançait d’abord le peuple était celui qui, dans ce moment, agissait le moins, Necker, ministre des finances. Tout ce qu’il faisait, c’était d’écrire. Il venait de faire paraître un Mémoire contre les assignats. On envoya quelques bandes crier contre lui, menacer. La Fayette, qui frappait si fort à Nancy, n’osa frapper à Paris et conseilla à Necker de se mettre en sûreté. Sur la proposition d’un député jacobin, l’Assemblée décréta qu’elle