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cède, est élastique, fléchit pour se mieux relever. Dites-leur un mot à l’oreille, il court, il va, il agit, le jour, la nuit, le matin, au lit, au foyer, au marché, et le soir, dans la causerie, devant les portes, partout, sur l’homme, sur l’enfant, sur tous… Trois fois homme qui y résiste !

Voilà un obstacle réel, terrible pour la Révolution. Et qu’est-ce, au prix, que l’étranger, toutes les armées de l’Europe ?… Ayons pitié de nos pères.

Maintenant, qui voudrait entrer dans le détail irritant du monde noble et quasi noble ? De la pourriture antique des parlementaires, de leur ancienne police, l’obstacle le plus réel que La Fayette assure avoir trouvé dans Paris. De la clientèle basse, servile de marchands, petits rentiers, créanciers minimes, qui se rattachaient au clergé, aux nobles.

Et ces nobles se retrouvaient, par la grâce de La Fayette et des lois révolutionnaires, chefs, officiers de leurs clients dans la garde nationale.

Pour résister à tout cela, il fallait à la nouvelle association une organisation très forte. Elle se trouva dans la société de Paris. L’originalité primitive de celle-ci fut moins dans les théories que dans le génie pratique de ses fondateurs.

Le principal fut Duport, et il resta pendant longtemps la tête même des Jacobins. « Ce que Duport a pensé, disait-on, Barnave le dit et Lameth le fait. » Mirabeau les appelait le Triumgueusat. À la vigueur des coups qu’ils portèrent à la royauté, on les crut républicains, on leur attribua un dessein profond, un