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et des Antraigues, organisent un vaste et audacieux complot pour employer les forces de la garde nationale contre elle-même, pour tourner les fédérations à la ruine de l’esprit qui les dicta. On appelle à une fête fédérative, près du château de Jalès, les gardes nationaux de l’Ardèche, de l’Hérault et de la Lozère, sous prétexte de renouveler le serment civique. Cela fait, la fête finie, le comité fédératif, les maires et les officiers de gardes nationales, les députés de l’armée, montent au château de Jalès et là arrêtent que le comité sera permanent, qu’il restera constitué en un corps autorisé, salarié, qu’il sera le point central des gardes nationales, qu’il connaîtra des pétitions de l’armée, qu’il fera rendre les armes aux catholiques de Nîmes, etc. Et tout ceci n’était pas une petite conspiration occulte d’aristocratie. Il y avait une base de fanatisme populaire. Des gardes nationales avaient au chapeau la croix des confréries du Midi, des bataillons entiers portaient la croix pour bannière. Un certain abbé Labastide, général de ces croisés, ayant cinq gardes du corps pour aides de camp, caracolait sur un cheval blanc, appelant ces paysans à marcher sur Nîmes, à aller délivrer leurs frères captifs, martyrs pour la foi.

L’Assemblée nationale, avertie et alarmée, lança un décret pour dissoudre cette assemblée de Jalès, décret si peu efficace qu’elle durait encore au printemps.

L’idée qui se répandait, s’affermissait dans les esprits, qu’une grande partie de la garde nationale