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que cette Révolution française fût vraiment une chose exécrable pour que les deux forces qu’elle avait créées, les municipalités, la garde nationale, se tournassent déjà contre elle.

La Fayette armant Bouillé, l’autorité révolutionnaire ne pouvant rétablir l’ordre qu’avec l’épée de la contre-révolution ! quoi de plus propre à persuader que celle-ci avait la vraie force, qu’elle était le vrai parti social ? Le roi, les prêtres, les nobles, se confirment dans la conviction qu’ils ont de la légitimité de leur cause. Ils s’entendent et se rapprochent ; divisés et impuissants dans la période précédente, ils vont se ralliant dans celle-ci, se fortifiant les uns par les autres.

Les compagnies qu’on croyait mortes relèvent bravement la tête. Le parlement de Toulouse casse les procédures d’une municipalité contre ceux qui foulaient aux pieds la cocarde tricolore. La Cour des Aides donne gain de cause à ceux qui refusaient des payements en assignats. Les percepteurs n’en veulent point. Les fermiers généraux défendent à leurs gens de les recevoir. Repousser la monnaie de la Révolution, c’est un moyen très simple de la prendre par famine, de lui faire faire banqueroute et la vaincre sans combat.

Mais les fanatiques veulent le combat, tout cela est trop lent pour eux. Ceux de Montauban poursuivent à coups de pierres les patrouilles d’un régiment patriote. Dans l’un des meilleurs départements, celui de l’Ardèche, les agents de l’émigration, des Froment