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galères (probablement tout ce qui restait en vie), nous reçûmes ces galériens ; nous eûmes la noble mission de les mener et de les garder à Brest. Ces gens, qui n’avaient pas voulu tirer sur nous le 14 juillet, eurent pour récompense nationale de traîner le boulet en France.

Le même jour, 31 août, nous l’avons dit, l’Assemblée nationale avait fait la promesse pacifique d’une justice impartiale. Antérieurement elle avait voté deux commissaires pacificateurs. Bouillé, qui les demandait, ne les avait pas attendus ; il avait vidé le procès par l’extermination de l’une des deux parties. L’Assemblée apparemment va désapprouver Bouillé !

Au contraire… L’Assemblée, sur la proposition de Mirabeau, remercie solennellement Bouillé et approuve sa conduite ; on vote des récompenses aux gardes nationaux qui l’ont suivi, aux morts des honneurs funèbres dans le Champ de Mars, des pensions à leurs familles.

Louis XVI ne montra point dans cette occasion l’horreur du sang qui lui était ordinaire. Le vif désir qu’il avait de voir l’ordre rétabli fit qu’il eut, de cette affligeante mais nécessaire affaire, une extrême satisfaction. Il remercia Bouillé de sa bonne conduite et l’engagea à continuer. « Cette lettre, dit Bouillé, peint la bonté, la sensibilité de son cœur. »

« Ah ! dit l’éloquent Loustalot, ce n’est pas là le mot d’Auguste, quand, au récit du sang versé, il se battait la tête aux murs et disait : « Varus, rends-moi mes légions ! »