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des hommes du pays de Vaud, des campagnes de Lausanne et de Genève. Quoi de plus Français au monde ?

Hommes de Vaud, hommes de Genève et de Savoie, nous vous avions donné Calvin, vous nous avez donné Rousseau. Que ceci soit entre nous un sceau d’alliance éternelle. Vous vous êtes déclarés nos frères au premier matin de notre premier jour, au moment vraiment redoutable où personne ne pouvait prévoir la victoire de la liberté.

Les Français allèrent prendre les deux Suisses battus le matin, les vêtirent de leurs habits, les coiffèrent de leurs bonnets, les promenèrent par la ville et forcèrent les officiers suisses à leur compter à chacun cent louis d’indemnité.

La révolte ne fut d’abord qu’une explosion de bon cœur, d’équité, de patriotisme ; mais, le premier pas franchi, les officiers ayant été une fois menacés, contraints de payer, d’autres violences suivirent :

Les officiers, au lieu de laisser les caisses des régiments au quartier où elles devaient être d’après les règlements, les avaient placées chez le trésorier et disaient outrageusement qu’ils les feraient garder par la maréchaussée, comme contre les voleurs. Les soldats, par représailles, dirent qu’ils craignaient que les officiers n’emportassent la caisse en passant à l’ennemi. Ils la remirent au quartier. Elle était à peu près vide. Nouveau sujet d’accusation. Les soldats se firent donner, à compte sur ce qu’on leur devait, des sommes avec lesquelles les Fran-