Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/275

Cette page a été validée par deux contributeurs.

On en trouva un à Metz, qui, déguisé par les officiers, payé par eux à tant par tête, s’en allait le soir, tantôt en garde national, tantôt en bourgeois, insulter, blesser ou tuer. Et qui refusait de passer par cette épée infaillible était le lendemain matin proclamé, moqué au quartier, un sujet de passe-temps et de gorge chaude.

Les soldats finirent par saisir le drôle, le reconnaître, lui faire nommer les officiers qui lui prêtaient des habits. On ne lui fit pas de mal, on le chassa seulement avec un bonnet de papier, et son nom : Iscariote.

Les officiers découverts passèrent la frontière et entrèrent, comme tant d’autres, dans les corps que l’Autriche dirigeait vers le Brabant.

Ainsi s’opérait la division naturelle : le soldat se rapprochait du peuple, l’officier de l’étranger.

Les fédérations furent une occasion nouvelle où la division éclata. Les officiers n’y parurent pas.

Ils se démasquèrent encore quand on exigea le serment. Imposé par l’Assemblée, retardé, prêté à contre-cœur, par plusieurs avec une légèreté dérisoire, il ne fit qu’ajouter le mépris à la haine que le soldat avait pour ses chefs. Ils en restèrent avilis.

Voilà l’état de l’armée, sa guerre intérieure. Et la guerre extérieure est proche. La nouvelle éclate en juillet que le roi accorde passage aux Autrichiens qui vont étouffer la révolution des Pays-Bas. Le passage ? ou le séjour ?… Qui sait s’ils ne cesseront