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CHAPITRE III

MASSACRE DE NANCY (31 AOÛT 1790).

Le prêtre et l’Anglais ont été la tentation de la France. — Entente des royalistes et des constitutionnels. — Le roi de la bourgeoisie, M. de La Fayette, un Anglo-Américain. — Agitation de l’armée. — Irritation des officiers et des soldats. — Persécution du régiment Vaudois de Châteauvieux. — La Fayette, sûr de l’Assemblée et des Jacobins, s’entend avec Rouillé, l’autorise à frapper un coup. — On provoque les soldats, 26 août 1790. — Bouillé marche sur Nancy, refuse toute condition et donne lieu au combat, 31 août. — Massacre des Vaudois abandonnés. — Le reste supplicié ou envoyé aux galères. — Le roi et l’Assemblée remercient Bouillé. — Loustalot en meurt, septembre.


L’obstacle général dans notre Révolution, comme dans toutes les autres, fut l’égoïsme et la peur. Mais l’obstacle spécial qui caractérise historiquement la nôtre, c’est la haine persévérante dont l’ont poursuivie par toute la terre le prêtre et l’Anglais.

Haine funeste dans la guerre, plus fatale dans la paix, meurtrière dans l’amitié. Nous le sentons aujourd’hui.

Ils ont été pour nous, non la persécution seulement, mais, ce qui est plus destructif, la tentation.

À la foule simple et crédule, à la femme, au paysan, le prêtre a donné l’opium du Moyen-âge,