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Mais ce n’était pas Lyon qui pouvait marier la France. Il fallait Paris.

Grand effroi des politiques de l’un et l’autre parti.

Ces masses indisciplinées, les amener à Paris, au centre de l’agitation, n’est-ce pas risquer une épouvantable mêlée, le pillage, le massacre ?… « Et le roi, que deviendra-t-il ?… » Voilà ce que les royalistes se disaient avec terreur.

« Le roi ? disaient les Jacobins, le roi va faire la conquête de tout ce peuple crédule qui nous viendra des provinces. Cette dangereuse réunion va amortir l’esprit public, endormir les défiances, réveiller les vieilles idolâtries… Elle va royaliser la France. »

Mais ni les uns ni les autres ne pouvaient rien à cela.

Il fallut que le maire, la commune de Paris, poussés, forcés par l’exemple et les prières des autres villes, vinssent demander à l’Assemblée une fédération générale. Il fallut que l’Assemblée, bon gré mal gré, l’accordât. On fit ce qu’on put du moins pour réduire le nombre de ceux qui voulaient venir. La chose fut décidée fort tard, de sorte que ceux qui venaient à pied des extrémités du royaume n’avaient guère moyen d’arriver à temps. La dépense fut mise à la charge des localités, obstacle peut-être insurmontable pour les pays les plus pauvres.

Mais, dans un si grand mouvement, y avait-il des obstacles ? On se cotisa comme on put ; comme on put, on habilla ceux qui faisaient le voyage ;