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la France, une milice nationale, une municipalité. Le 10 juin, tout ce qu’il y avait de noblesse et d’amis du pape, maîtres de l’Hôtel de ville, de quatre pièces de canon, crient : « Vive l’aristocratie ! » Trente personnes tuées ou blessées. Mais alors aussi le peuple se met sérieusement au combat, en tue plusieurs, en prend vingt-deux. Toutes les communes françaises, Orange, Bagnols, Pont-Saint-Esprit, viennent secourir Avignon et sauver les prisonniers. Ils les tirent des mains des vainqueurs, se chargent de les garder.

Le 11 juin, on brise les armes de Rome. Et l’on met à la place les armes de France. Avignon vient à la barre de l’Assemblée nationale et se donne à sa vraie patrie, disant cette grande parole, testament du génie romain : « Français, régnez sur l’univers. »


Entrons plus loin dans les causes. Complétons, expliquons mieux ce drame rapide.

Pour faire une guerre religieuse, il faut être religieux. Le Clergé n’était pas assez croyant pour fanatiser le peuple.

Et il ne fut pas non plus très politique. Cette année même, 1790, lorsqu’il avait tant besoin du peuple, qu’il soldait ici et là, il lui demanda encore la dîme, abolie par l’Assemblée. Dans plusieurs lieux, des soulèvements eurent lieu contre lui, spécialement dans le Nord, pour cette malheureuse dîme, qu’il ne pouvait pas lâcher.

Ce clergé aristocratique, sans intelligence des forces morales, crut qu’un peu d’argent, de vin, la