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l’arsenal chercher des canons. On y entrait par la rue ou par le quartier du régiment de Guyenne. Les officiers, dans leur malveillance, leur dirent : « Passez par la rue. » Ils y furent criblés de coups de fusil, rentrèrent, et les officiers, voyant leurs soldats indignés qui allaient tourner contre eux, livrèrent enfin les canons. La tour, battue en brèche, fut bien obligée de parler. Froment, audacieux jusqu’au bout, envoya une incroyable missive, où il offrait… « d’oublier… » Alors il n’y eut plus de grâce, le soldat ne voulut plus que la mort des assiégés. On tâchait de les sauver ; mais ils se perdirent eux-mêmes : en parlementant, ils tiraient. Ils furent forcés, pris d’assaut, poursuivis et massacrés.

Deux jours, trois jours, on les chercha, ou du moins, sous ce prétexte, beaucoup de haines s’assouvirent. Le couvent des capucins (la boutique des pamphlets, d’où on avait tiré d’ailleurs) fut forcé, et tout tué. Il en fut de même d’un cabaret célèbre, quartier général des verdets ; on trouva cachés dans ce bouge deux magistrats municipaux. Tout ce temps, les deux partis se fusillaient par les rues ou des fenêtres. Les sauvages des Cévennes ne faisaient guère grâce ; il y eut trois cents morts en trois jours. Nulle église ne fut pillée, nulle femme insultée, ils étaient austères dans la fureur même. Ils n’auraient pas imaginé, comme les verdets de 1815, de fouetter des filles à mort d’un battoir fleurdelysé.

Cette cruelle affaire de Nîmes, perfidement arrangée par la contre-révolution, eut cela de curieux